MESSAGE de NOEL

CETTE ANNEE POUR LE CULTE DE NOEL C’EST MADAME JACQUELINE SIMETH QUI A PARTAGE AVEC NOUS LE MESSAGE DE NOEL A LA SOURCE ST DENIS.
J’AI LA JOIE DE VOUS LE PRESENTER AFIN QUE VOUS PUISSIEZ LE RELIRE ET LE MEDITER….

JOYEUX NOEL A VOUS TOUS

VOTRE PASTEUR CHARLES BOSSERT


Culte du 25 décembre 2016 (St Denis) Jean 1 v. 14

“La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité.” nous dit l’Apôtre Jean dans son Evangile. Certes, il ne nous raconte pas la naissance de jésus mais il me semble qu’il n’y a pas dans les Evangiles de parole plus précise et plus juste pour exprimer le sens profond de la Nativité.
«Au commencement, (dit Jean) “La Parole” était avec Dieu et la Parole était Dieu», ce Dieu tout-puissant, ce Dieu créateur qui par cette Parole a dit “que le monde soit” et le monde fut, puis, il a dit : “que l’homme soit créé à mon image” et l’homme fut créé à l’image de Dieu.
Ce Dieu-Parole, seul détenteur de la Connaissance et de la Vérité absolue, pour nous, est lointain, inaccessible, entouré de mystère. Or, ce Dieu que l’homme ne peut voir sans mourir, ce Dieu-là, chose inconcevable, s’est incarné parmi les hommes. Lui, tout-puissant est venu nous rejoindre dans notre humanité, il est venu épouser notre finitude. Dire qu’il s’est fait chair, c’est dire qu’il a adopté la réalité de notre corps, un corps qui nait, prend vie, grandit, connaît la maladie, la souffrance, un corps qui vieillit et meurt. Dieu s’est vidé de ses attributs de puissance pour nous rejoindre en Jésus-Christ. Et ce n’est qu’en adoptant notre faiblesse, nos limites, que Jésus nous fait connaître en lui, le Père.

La crèche de Bethléem, où Jésus est né, aussi rudimentaire soit-elle, même si sa fonction est d’abriter des animaux comme l’âne et le boeuf, ce n’est ni une antre, ni une tanière, c’est une construction humaine. A sa naissance Jésus a été langé, emmailloté, bercé par les paroles d’amour de ses parents, comme tout nouveau-né, il a donc été accueilli comme tout homme dans notre humanité.

Mais, Quel paradoxe ! L’homme, lui, a de tout temps refusé d’assumer son humanité et a cherché à se diviniser, à vouloir être comme des dieux. N’était-ce pas ce que le serpent faisait miroiter aux yeux d’Eve et d’Adam quand il leur disait : “Mangez de ce fruit et vous serez comme des dieux “ ? et là, à la crèche, Dieu se dépouille de sa divinité pour devenir comme les humains. A Noël nous sommes appelés à comprendre Dieu autrement.
Tandis que l’homme cherche à quitter son humanité pour atteindre le ciel, Dieu en Jésus-Christ est descendu sur terre au plus bas, ouvrant la voie de la véritable humanité.

Mais dire que Dieu s’est fait chair, ce n’est pas uniquement considérer la fonction biologique du corps, c’est aussi adopter ce qui fait de nous, dans la création, des êtres à part et supérieurs ; c’est aussi adopter la dimension du langage. «La parole a été faite chair», c’est donc aussi pour la Parole de Dieu devenir langage au sens humain.

En effet, ce qui fait notre humanité, c’est bien le langage, c’est lui qui nous différencie des autres créatures ; c’est grâce à lui que nous possédons intelligence et créativité,que nous avons connaissance de nous-même et des autres, que nous pouvons communiquer avec les autres et avec Dieu, en un mot : que nous sommes à l’image de Dieu.

La Parole de Dieu en s’incarnant en Jésus-Christ, nous a été transmise en s’adaptant à notre langage humain avec ses imprécisions, ses imperfections, ses limites. Et ce n’est que parce que la Parole de Dieu s’est humanisée que nous pouvons l’entendre, et la comprendre.
Cette incarnation de la Parole ne s’arrête pas à la venue de Jésus, sa parole continue à se faire chair dans la prédication, dans l’annonce de l’Evangile après sa disparition. Jésus en partant à chargé ses disciples de la répandre dans le monde : “Allez, leur a-t’il dit, et faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du St Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit”
Jésus a laissé en partant cette responsabilité à ses disciples et après eux à chacun d’entre nous.
Certes, les hommes n’ont pas accès directement à la Parole-Vérité de Dieu. Jésus absent, c’est le Saint Esprit qui sert d’intermédiaire entre Dieu et les hommes pour nous la faire connaître . Lors de la Pentecôte , lorsque le Saint-Esprit, par l’intermédiaire des apôtres, parle à la foule lui adressant une parole singulière, unique, la Parole de Dieu, chacun des hommes présents l’a entendue et interprétée dans sa propre langue, ce qui suppose des traductions et interprétations variées ; La Parole de Dieu chemine parmi les hommes dans la diversité du discours et des actes, et c’est ainsi que Dieu l’a voulu. Dans le récit de Babel, Dieu inquiet des conséquences néfastes du langage univoque adopté par les humains, un langage qui les enfermait sur eux-mêmes, mettait fin à la liberté d’expression et à toute forme de communication, Dieu a mis fin à cette quête d’absolu en dispersant les hommes et en multipliant les langues.

Bien sûr, c’est une richesse que cette variété d’interprétations, mais c’est aussi un risque, celui de penser que notre propre interprétation est la meilleure et de vouloir convaincre en nous faisant maître du sens des mots et non serviteur de ces mots, en oubliant que nous sommes au service d’une Parole et d’une Vérité qui ne nous appartiennent pas, que nous transmettons ce que nous ne savons pas et que nous ne saurions transmettre sans la médiation du Saint Esprit. En oubliant que l’essentiel n’est pas de transmettre une connaissance, un savoir, ni même de vouloir convaincre mais d’ouvrir des perspectives nouvelles, d’aplanir un chemin où Jésus pourra agir. Dans notre monde aujourd’hui encore alors que se multiplient les attentats meurtriers, perpétrés le plus souvent au nom de Dieu, nous voyons bien les conséquences néfastes de croire que l’on possède la Vérité absolue et de vouloir l’imposer aux autres par la force et la violence.
Notre mission, certes, est de transmettre la parole que Jésus est venu apporter, mais non de l’imposer, le résultat obtenu ne nous appartient pas. Les mots que l’on lance, nous échappent une fois dits et nous n’en sommes plus maître, pour certains de ceux qui les reçoivent, ils seront inutiles, sans effet, mais peut-être toucheront-ils, à notre insu, le coeur d’un autre. Celui qui annonce l’Evangile doit accepter avec humilité cette part d’inconnu quant à l’impact de ses paroles, accepter cet espace où Dieu agit parfois au delà de ce que l’on peut percevoir et espérer.
Au moment où les disciples reviennent de la mission que Jésus leur a confiée, celle d’aller porter la Bonne Nouvelle dans les villages alentours, ils sont fiers d’avoir guéri des malades, chassé des démons, converti des hommes, en leur annonçant la Bonne Nouvelle, mais Jésus va leur faire comprendre que ce qu’il met entre leurs mains ce n’est pas un pouvoir mais un service. Alors que peu après leur retour, la foule est assemblée pour l’écouter, Jésus demande aux disciples de nourrir cette foule eux-mêmes avec presque rien, cinq pains et deux poissons sans les avoir multipliés lui-même auparavant ; impossible pensent-ils! mais Jésus veut leur faire comprendre que ce qu’ils transmettent, partagent avec les autres semble logiquement incapable de rassasier, et au regard des hommes paraît insignifiant. Et pourtant, c’est ce rien ou presque rien qui a nourri la foule ! Il en est de même pour la Parole que nous transmettons. Le résultat obtenu, la surabondance ne dépendent pas de nous, de notre savoir, de notre pouvoir mais de la seule grâce de Dieu.

Si nous voulons transmettre la Parole, faisons-le tels que nous sommes, avec la force que Dieu a mis en nous, malgré nos faiblesses, nos manques, sans crainte de l’échec car Dieu sera avec nous, et en définitive, c’est lui qui agira.
C’est ce que l’apôtre Paul veut nous dire quand il critique ces ministres du culte à Corinthe qui séduisent les foules par leurs belles paroles, leurs connaissances, leur certitude de posséder la Vérité.
«J’ai planté, (dit l’Apôtre Paul) Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître»
Alors, si nous acceptons d’enseigner la parole de Dieu et de la transmettre parce que que pensons savoir faire, avoir les connaissances nécessaires pour cela, hé bien, quittons les palais de la certitude absolue et du pouvoir, et comme Jésus dépouillons-nous de tout orgueil et prétention afin que notre discours demeure aussi incarné que l’était Jésus. Acceptons donc nous aussi de nous faire serviteurs en allant toujours retrouver l’humilité et le dépouillement à la crèche de Noël.

Amen

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